Ce que dit l’ADEME, ce que l’Île Bermond incarne, et ce que le clan Archipel veut activer
Dédicace pour la #COP30, à l’heure où le mot « climat » reste loin derrière « YouTube » et « WhatsApp » dans les recherches Google.
Google Trends ne ment pas : où passe vraiment notre attention ?
En 2025, la requête « clima » n’arrive qu’en 17e position dans Google Trends. Elle se retrouve derrière YouTube, Google, Weather, WhatsApp, ChatGPT, Facebook, Instagram, Amazon…
On se rend mieux compte de la priorité réelle des utilisateurs : le climat est en toile de fond, rarement au premier plan. Et pourtant, on prépare la COP30, avec son cortège de promesses, de négociations et, si l’on regarde l’historique des COP, de résultats souvent mitigés lorsqu’il s’agit de traduire les engagements en transformations concrètes.
C’est dans ce décalage que je situe ce texte. Aujourd’hui, je vais parler de trois étages qui se répondent :
- ce que dit l’ADEME dans son rapport Transitions 2050,
- ce que l’Île Bermond incarne comme prototype de société,
- ce que le clan Archipel veut activer à Marseille et ailleurs.
Transitions 2050 : l’ADEME parle d’abord de territoires
En 2022, l’ADEME publie le rapport « Transitions 2050 ». Quatre trajectoires pour atteindre la neutralité carbone, construites autour de cinq axes structurants : technique, économie, société, gouvernance et territoires.
Ce rapport dit une chose simple : la transition écologique ne se résume pas à des solutions techniques. Elle suppose des mutations profondes dans :
- l’organisation des territoires,
- les modes de vie,
- l’usage des ressources (sols, biomasse, puits de carbone),
- les formes de coopération et de gouvernance.
En relisant Transitions 2050, je me suis amusé à construire une matrice pour situer le futur que nous projetons sur l’Île Bermond. Nous sommes clairement entre le scénario S1 « Génération frugale » et le scénario S2 « Coopérations territoriales ».
Dans mon livre « Archipel : Exploration de nouveaux mondes » , je formule cette idée de manière assez directe : « Si nous voulons tenir, il faudra moins compter sur le centre et davantage sur nos îles. » C’est exactement ce que l’ADEME, de son côté, traduit en langage de scénarios.
L’Île Bermond : un prototype de nouvelles sociétés
L’Île Bermond existe déjà. Elle est sur les cartes, dans le monde physique. Mais je l’utilise aussi comme prototype de création de nouvelles sociétés et de nouvelles organisations.
Le but est clair : être acteur de la transition, et pas seulement la commenter. Je vois le territoire fragmenté en îlots, où l’organisation se fait de manière décentralisée, tout en gardant des connexions conscientes avec la gouvernance nationale et européenne.
Dans « Archipel », j’écris par exemple : « Une île n’est pas un refuge, c’est un laboratoire. On y vient pour essayer des formes de vie que les continents n’autorisent plus. » L’Île Bermond joue ce rôle : un laboratoire conceptuel pour imaginer des organisations plus organiques, plus distribuées, plus alignées avec le vivant.
Elle sert de support réel pour projeter une question très simple : à quoi ressemble un territoire qui choisit d’anticiper les mutations plutôt que de les subir ?
Le clan Archipel : un espace d’expérimentation, pas un concept
Le clan Archipel, c’est la partie vivante de cette histoire. Ce n’est pas un think tank, ni une ONG. C’est un espace d’expérimentation de co-living et de nouvelles gouvernances.
Concrètement, le clan Archipel cherche à tester dans le réel :
- de nouvelles façons de se gouverner et de décider ensemble,
- des modes de co-habitation (co-living) ancrés dans un territoire,
- le partage et la mutualisation des ressources,
- des formes d’investissement collectif alignées avec le vivant,
- la création de communs plutôt que de simple consommation partagée.
Dans le livre, je parle de « désorganisation productive » pour décrire cette phase où l’on accepte de sortir des schémas rigides sans tomber dans le chaos. C’est exactement ce que le clan Archipel explore : comment une communauté peut rester fluide sans se dissoudre.
Une partie du travail consiste à archiver ces expériences : méthodes, outils, erreurs, succès. L’idée n’est pas de créer un modèle unique, mais un référentiel vivant que d’autres groupes pourront adapter.
ADEME, COP30 et le retour du vivant
L’étude de l’ADEME rappelle que les territoires qui réussiront la transition seront ceux capables de relier le vivant, les ressources et les humains. Ce n’est pas simplement une ligne dans un rapport, c’est une boussole.
Pendant ce temps, les grandes conférences internationales comme la COP30 risquent, si rien ne change, de reproduire un schéma bien connu : des avancées diplomatiques réelles, mais des résultats mitigés sur le terrain, faute de relais concrets dans les territoires, les villes, les villages, les îles.
C’est là que la stratégie change de niveau : plutôt que d’attendre le « grand accord parfait », il faut multiplier les archipels d’action. Des lieux et des clans qui traitent la biodiversité, les sols et les ressources comme une infrastructure centrale, et pas comme un sujet à la marge.
Biodiversité : un travail de naturalistes, pas seulement de climatologues
Si l’on écoute bien l’ADEME, la neutralité carbone passe par :
- des changements de pratiques,
- une réorganisation territoriale,
- une gestion fine des ressources (sols, biomasse, puits de carbone),
- de nouvelles formes de coopération entre acteurs.
La biodiversité est le point d’entrée le plus concret pour tout ça. Travailler sur les sols, les continuités écologiques, les espèces locales, c’est déjà préparer la résilience énergétique et climatique.
Ce travail n’appartient pas d’abord aux climatologues. Il appartient aux naturalistes, à celles et ceux qui savent lire un sol, reconnaître une espèce, comprendre une friche, identifier un corridor écologique.
Dans « Archipel », je résume souvent ça ainsi : « Avant de parler de futur, apprenons déjà à voir ce qui vit encore sous nos pieds. » C’est exactement le type de bascule que porte le clan Archipel : partir du vivant, pas des abstractions.
Marseille comme terrain d’activation
Marseille est un bon exemple de territoire où ces idées peuvent s’incarner.
La ville se trouve à la jonction de plusieurs mondes :
- la mer, avec ses écosystèmes fragiles,
- les collines et les massifs environnants,
- les quartiers denses, les friches, les interstices urbains,
- une mosaïque sociale et culturelle très riche.
Si l’on veut appliquer Transitions 2050 au concret, on peut imaginer à Marseille un chantier simple à énoncer, exigeant à mettre en œuvre : faire de la biodiversité la base de l’aménagement et des décisions collectives.
Cela pourrait passer par :
- un travail fin sur les sols (où le vivant tient encore, où il s’effondre),
- la restauration des continuités écologiques de la mer aux collines,
- la mise en avant des espèces méditerranéennes adaptées aux futurs climatiques probables,
- l’intégration systématique des naturalistes dans les projets urbains,
- des expérimentations de co-living inspirées par l’Île Bermond et le clan Archipel.
Marseille pourrait devenir une des « îles-mères » de cette logique archipélique : un lieu où les scénarios de l’ADEME, les récits de « Archipel » et les expérimentations du clan se rencontrent.
De l’Île Bermond à la COP30 : une méthode, pas un slogan
En résumé :
- L’ADEME pose un cadre sérieux pour réfléchir aux trajectoires vers 2050 : elle montre que les transformations se jouent autant dans les territoires que dans les infrastructures.
- L’Île Bermond incarne un prototype de société en transition, où les organisations sont repensées à partir du vivant, de la beauté et des clans.
- Le clan Archipel cherche à activer ces idées dans des lieux précis, en testant des formes de co-living, de gouvernance distribuée et de communs.
- Marseille offre un terrain idéal pour passer de la théorie aux pratiques, avec la biodiversité comme fil conducteur.
Avec des résultats de COP souvent jugés « insuffisants » ou « mitigés » au regard des enjeux, il devient logique de déplacer une partie de l’effort vers ces archipels d’action. Des territoires, des îles, des clans qui ne prétendent pas tout résoudre, mais qui se mettent en mouvement, ici et maintenant.
Territoire par territoire. Clan par clan. Décision par décision.
Si tu veux prolonger cette réflexion, tu peux plonger dans le livre « Archipel : Exploration de nouveaux mondes » et rejoindre, un jour peut-être, l’une des îles que nous sommes en train de dessiner ensemble.